Renouveler par les marges pour prendre le large
Actuellement c'est une période où les renouvellements sont possibles dans nos instances, et ils sont plus que jamais nécessaires. Ce renouvellement doit se faire de la périphérie vers le centre pour briser le vase clos dans lequel s’enferme naturellement les cercles de pouvoirs.
Comme dans nos vies, qu’elles soient rurales ou urbaines, les centralités dominent : le patron, l’Etat… il en est de même pour notre parti. Ce n’est pas du centre, où les rapports sont « évidents », que vient le renouvellement, mais des périphéries : les contradictions y sont fortes, mais elles engendrent les innovations et les dépassements nécessaires au changement et au rassemblement le plus large.
Faisons le parallèle entre exclus sociaux et exclus du pouvoir politique : plus on s’éloigne du centralisme parisien ou des grandes villes, plus on trouve une proximité de richesse et de pauvreté qui ne se côtoient pas, car depuis des décennies les planificateurs ont imposé des barrières.
Habiter les quartiers populaires, de l’autre côté du périph, dans un désert rural, c’est être stigmatisé, ou oublié, être affiché comme « prioritaire », mais être relégué dans les faits.
Pour combattre les inégalités, les dominations multiformes : lutter contre la pauvreté, le démontage des mécanismes générateurs d’exclusions, seule une décentralisation généralisée à tous les secteurs de la vie donne des résultats.
Mais l’échec de l’action politique est patent : 2013 est la date anniversaire des trente ans de la marche pour l’égalité ! Nous l’attendons toujours cette égalité !
C’est ce que nous ne voulons pas pour notre parti : un centre qui pense pour sa périphérie, un sommet qui décide de sa base.
Le rapport global/local qui nous est cher est le même que le rapport centre/périphérie. Nous savons que c’est dans le local que se construisent les alternatives, dans le local que se constituent les initiatives citoyennes, les solidarités de terrain, les collectifs de parents, de femmes, de jeunes, qui font, tout autant que les circuits courts ou les AMAP, notre ancrage dans la société.
Aujourd’hui, les populations des quartiers défavorisés ont su s’adapter à leur condition de vies souvent très dures. Ils ont réussi dans les études et la vie professionnelle : ils créent des entreprises, des associations d’entraide, de soutien scolaire, d’insertion sociale, de lutte contre les discriminations. Des talents pourtant délaissés et ignorés qui restent au stade du local car ils ne bénéficient pas des « bons » réseaux.
Mais c’est bien là que résident les dépassements nécessaires, c’est là que s’élabore la politique au sens noble du terme, avec difficulté, mais avec des avancées.
Aujourd’hui, ce sont dans les périphéries que les crises d’identité et de la représentation politique se font le plus ressentir. C’est là, dans les périphéries rurales et périurbaines, que l’abstention bat des records et que le FN fait ses meilleurs scores.
Mais c’est aussi là que se trouvent les forces vives et dynamiques avec qui nous pourrons convaincre les électeurs.
Les habitants de la dite périphérie ont envie de croire en la reconnaissance de la république. Notre parti doit associer les métissages de cultures et ce brassage de savoirs, d’horizons divers à son cap.
N’en restons pas comme le pouvoir politique aux diagnostics sur diagnostics : emploi, logement, sécurité… chaque gouvernement de gauche ou de droite élabore rapports et plans chocs pour les quartiers populaires : plan espoir banlieue de 2007, plan Marshall des banlieues, emplois avenir, emplois francs. Ces dispositifs éphémères et médiatiques sont sans suite réelle sur le terrain et souvent générateurs de précarité.
Evitons cet écueil pour notre parti : le diagnostic ne saurait remplacer l’action offerte à ceux-là mêmes qui ont à agir pour changer leur condition.
Les écologistes, militants et élus, pourraient incarner une vérité dans ce qu'ils disent et font pour changer la pratique politique si ils donnent des responsabilités à ceux qui sont la diversité du pays, de la banlieue, du quartier.