Il est temps de sortir du corner où nous sommes enfermés depuis le 1er tour de la présidentielle. Depuis, à chaque pas, nous nous heurtons au soupçon savamment entretenu par les groupes de pression productivistes : la participation des écologistes à la majorité parlementaire et au gouvernement serait usurpée, puisque les électeurs se seraient détournés de nous à la présidentielle. Les médias font de la question du maintien des écologistes au gouvernement la seule qui importerait. Nous mêmes en faisons un sujet clé de nos débats : « tabou », « fin en soi », ou pas, elle diviserait le parti entre ceux qui n’en veulent pas parce qu’elle conduirait « à se perdre au contact de socialistes voués à un échec assuré », et ceux qui en veulent « par appétit de pouvoir et de postes ».
Soyons clairs: la participation gouvernementale est un simple moyen. Un moyen, dans le cadre d’une alliance que nous avons choisie, de faire avancer le projet que nous portons. Et cela alors même que nous sommes minoritaires dans l’opinion comme dans cette alliance. Tant que nous serons en mesure de faire avancer ce projet et que celui ci connaitra des avancées, alors cette participation sera utile. Elle est une condition nécessaire pour faire de l’écologie politique une force politique majeure. Les électeurs écologistes l’expriment clairement. Mais ce n’est pas une condition suffisante. Il nous revient de transformer l’essai parce que nous sommes confrontés à la tension entre les résultats insuffisants de l’action du gouvernement et l’urgence que nous ressentons à engager une transformation radicale de notre société et de son modèle économique.
Il nous appartient, c’est l’enjeu de ce congrès, de savoir simultanément :
- retrouver le chemin de la société et nous centrer sur elle,
- poursuivre notre métamorphose pour sortir du rôle de dénonciateurs et aller vers celui de porteurs de solutions,
- adopter une vision large des résistances au changement qui sont à gauche… comme à droite, et trouver le chemin d’alliances avec tous ceux qui, déjà, changent la société.
Il nous faudra jouer plus collectif tout en développant notre capacité à parler avec toutes les composantes de la société.
Pour cela le congrès devra réussir à construire l’unité indispensable aux campagnes électorales qui suivront, en faisant de la diversité des sensibilités internes une force plutôt qu’un facteur de division ou de jeu tactique, tout cela en renouant avec la société. A ce prix, nous parviendrons à occuper l’espace ouvert entre les partis de gouvernement traditionnels et les radicaux tribuniciens. C’est tout l’esprit de la démarche d’écologie positive.
Eric Loiselet